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En ces temps d’incertitude politique où l’on voit la pauvreté progresser de jour en jour, on se prend parfois à rêver d’une personne capable de fédérer les gens et d’incarner une forme de résistance et de justice. Si la réalité est assez décevante sur ce sujet, il nous reste heureusement la littérature et le cinéma dans lesquels se trouvent ce personnage, ce bandit social au grand cœur qui prend aux riches pour donner aux pauvres: Robin des bois.
Et si je vous disais qu’à l’origine, il n’y a ni frère Tuck, ni Marianne, ni Richard Cœur-de-Lion, ni Prince Jean dans le légende de Robin des bois ? Il faut dire qu’elle a bien changé au fil des siècles, cette légende, à tel point que j’ai décidé de vous en faire deux épisodes! Il y a de quoi faire, en suivant un fil relativement chronologique. Et dans celui-ci, je vais vous raconter les origines médiévales de Robin des bois et son évolution jusqu’à la fin du XVIe siècle.

Les origines de Robin des Bois : Moyen Âge
Robin Hood dans les textes médiévaux
Les ballades médiévales
Nous sommes en 1377, en Angleterre. Et cette année-là, le nom de Robin des bois est couché pour la première fois sur le papier, ou plutôt le parchemin, en l’occurrence dans Piers Plowman, un très long poème de William Langland, que nous connaissons sous le titre de Pierre le laboureur. Dans ce texte, Sloth, un prêtre paresseux, est assis dans une taverne et raconte à qui veut l’entendre qu’il ne connaît pas son Notre Père mais que, par contre, il peut réciter quelques rimes sur Robin Hood (qui est le nom anglais de Robin des bois). C’est une simple allusion, mais elle laisse entendre qu’en cette fin de XIVe siècle, le personnage de Robin des bois est déjà tellement populaire, qu’un moine connaît mieux les rimes qui lui sont dédiées que ses propres prières. Ça signifie que Robin Hood est issu d’une tradition orale qu’il est, par nature impossible de dater. Certains chercheurs estiment qu’il a fallu au moins deux générations pour que le personnage prenne racine dans l’imaginaire populaire, ce qui nous ramènerait vers le XIIIe siècle mais, en vrai, on ne peut pas dater précisément la naissance du mythe de Robin des Bois.
En fait, Robin Hood nous est connu par des ballades. On en compte presque une quarantaine, mais seulement cinq d’entre elles sont médiévales : elles datent du XVe siècle. Pour rappel, on considère que la période du Moyen Âge va du Ve au XVe siècle donc, en fait, les ballades qui chantent les aventures de Robin des Bois datent de la toute fin du Moyen Âge. Et la majorité des autres ballades sont ce qu’on appelle des broadsides, des ballades imprimées sur des feuilles volantes, peu chères et très largement diffusées aux XVIe et XVIIe siècles, donc bien plus tard.
Mais, pour l’instant restons au Moyen Âge. Ce qu’il faut savoir, c’est que le Robin des bois médiéval est très différent du Robin des bois hollywoodien.
C’est un héros local, un yeoman.

Les yeomen sont des petits propriétaires terriens anglais, des sortes de paysans aisés. Oui, Robin des bois, à la base, est un paysan ! Les yeomen ne sont donc pas nobles mais ont une certaine liberté qui permet au personnage de Robin d’évoluer au fur et à mesure des textes. Et il arrive plein de choses au yeoman Robin.
L’une des plus anciennes ballades s’intitule Robin et le moine et on connaît à ce jour 2 exemplaires seulement de ce texte qui a été écrit autour de 1420. Il raconte que Robin marchait avec Petit-Jean, et Much le fils du meunier. Robin souhaitait aller à la messe à Nottingham pour prier la Vierge. Parce que, oui, le Robin des bois médiéval était très dévot mais principalement envers la Vierge. Il fait un pari avec ses deux compères, pari qu’il perd mais que, mauvais perdant, il refuse d’honorer. Il s’en va donc seul à Nottingham, dans la petite église Sainte-Marie où un moine l’aperçoit et le dénonce au sheriff. Robin est capturé. De leur côté Petit Jean et Much rencontrent le moine et son page – le page est un serviteur souvent très jeune – qui sont en chemin pour aller annoncer au roi la capture de Robin. Apprenant cela, Petit Jean et Much les attaquent et leur coupent la tête, à tous les deux. Petit Jean et Much rencontrent ensuite le roi et, pour faire vite, le trompent et délivrent Robin.

Cette ballade résume assez bien l’esprit des textes médiévaux sur Robin des bois. Il y est déjà ce que l’on appelle un outlaw – un hors-la -loi – bien qu’on ne nous dise pas pourquoi il est hors-la-loi ni pourquoi il vit dans la forêt. On peut imaginer que les gens à qui s’adressaient ces ballades n’avaient pas besoin de ces informations parce qu’ils les connaissaient déjà. Un autre élément qu’on retrouve aussi dans d’autres ballades, c’est le fait que les ecclésiastiques sont souvent la cible de Robin et de ses compagnons.
Il faut dire que, depuis la fin du XIVe siècle, l’Angleterre est engagée dans une sorte de pré-réforme. Pour rappel, la Réforme qui a eu lieu au XVIe siècle a donné naissance au protestantisme et la Réforme anglaise s’inscrit dans ce contexte mais, dès la fin du XIVe siècle, on trouve déjà des textes comme ceux de John Wyclif qui s’insurgent contre la corruption de l’Église. C’est donc dans l’air du temps.
Et puis… Il ne vous aura pas échappé que l’histoire de Robin et du moine est bougrement violente. On a quand même Petit-Jean et son pote qui décapitent un moine et un jeune garçon. On est très loin de l’image policée du Robin Hollywoodien très propre sur lui.
Cette violence, on la retrouve dans une autre des plus anciennes ballades intitulée Robin des bois et Guy de Gisbourne dans laquelle, spoiler alert, Robin des bois décapite son ennemi Guy de Guisbourne, plante sa tête sur son arc et la défigure à l’aide d’un couteau.
Eh oui, le Robin des bois médiéval, en plus d’avoir mauvais caractère, est relativement cruel! Mais pas que. C’est un petit marrant aussi, des fois, comme dans la ballade Robin des bois et le Potier où Robin se déguise en potier pour tromper le sheriff. Oui, au niveau des titres des ballades, on est un peu sur une tendance « Martine » : « Martine va à la plage » « Martine et son petit chien » « Robin des bois et le moine », « Robin des bois et le potier».
Bref, tout cela nous amène à la toute fin du Moyen Âge où les textes sur Robin des bois commencent à être rassemblés.

A Gest of Robyn Hode: la Geste de Robin des Bois
Entre 1450 et 1500, on imprime La geste de Robin des bois. sous le titre de A gest of Robyn Hode. Une geste, c’est un ensemble de poèmes épiques qui retracent les aventures de personnages réels ou fictifs. Ces textes sont souvent d’abord autonomes, ce qui est le cas ici, pour être ensuite mis ensemble et former un cycle. Dans la Geste de Robin des bois qui compte plus de 450 strophes, on nous raconte par exemple un épisode qui se déroule dans la forêt de Barnsdale et dans lequel Robin aide un chevalier endetté auprès un abbé (oui, encore un ecclésiastique). Ou bien encore, un autre épisode qui se situe dans la forêt de Nottingham et dans lequel Robin participe à un concours d’archers après lequel il reçoit le pardon du roi (rappelons qu’il est hors la loi). Par la suite de nouveau disgracié, il retourne vivre dans la forêt pendant 20 ans. Et la geste s’achève par la mort de Robin trahi par l’abbesse de Kirklees.
La geste, en plus des ballades plus anciennes, va former un petit noyau stable de la légende de Robin des bois. On retrouve ce noyau à travers un certain nombre de motifs qu’on verra réapparaître dans la littérature et au cinéma comme la vie en communauté dans les bois, les voyageurs fortunés obligés de partager le repas des outlaws, un moine ou un abbé qui est volé parce qu’il disait n’avoir rien dans ses poches, Robin qui se déguise, le sheriff attiré dans un piège en forêt, ou encore la réconciliation avec le roi. Et surtout, à la fin du Moyen Âge, un nouveau personnage devient de plus en plus récurrent et finit par s’installer durablement dans la légende : c’est frère Tuck, qui apparait pour la première fois dans une pièce de théâtre en 1475.
Rappelez-vous, j’ai dit que Robin des bois était plutôt une figure anticléricale. Mais, en même temps, Tuck est un personnage qui va plutôt dans ce sens, puisqu’il ne respecte pas ses vœux : il vole, il pille et il se bat à coup de massue. Toutefois, même si Robin finit par avoir un ecclésiastique à ses côtés, celui-ci ne fait absolument pas partie des puissants. Et c’est important, parce que Robin Hood est issu du peuple et représente une forme de lutte contre les autorités corrompues, plutôt locales, que ce soit à travers le sheriff ou à travers les puissants de l’Église.
Et si, à l’aube de la Renaissance, Frère Tuck a rejoint Robin des bois, il y a un certain nombre de personnages et d’éléments qui nous sont familiers mais qui n’existent pas encore.

Marianne, Richard, Jean et les autres: les absents de la légende au Moyen âge
Petit Jean et le Shériff de Nottingham: les piliers de la légende médiévale
Avant de considérer tout ce qui n’existe pas, voyons d’abord ce qui est déjà en place. Vous l’avez entendu tout à l’heure, Petit-Jean est là depuis le début. D’ailleurs, ce n’est pas forcément un second rôle : parfois, c’est lui qui est mis en avant dans les ballades, à tel point qu’on a pu penser qu’il existait des histoires relatives à Petit-Jean avant celles de Robin de bois et que ce serait Robin qui se serait greffé sur les histoires de Petit-Jean, tout comme les autres personnages se sont greffés ensuite sur les histoires de Robin des bois.
Parmi les personnages qui sont déjà présents, on peut citer aussi Will Scarlett – c’est-à-dire Will l’écarlate, qu’on a rebaptisé Gilles dans le film avec Costner, allez savoir pourquoi – Guy de Guisbourne et bien sûr le sheriff de Nottingham. J’en profite pour faire ici un petit aparté sur ce qu’est un sheriff dans l’Angleterre médiévale. L’Angleterre, à la fin du Moyen Âge, a un système administratif extrêmement bien huilé. Les sheriffs ont une fonction qui existe depuis la période anglo-saxonne c’est-à-dire avant la conquête normande de 1066. Le sheriff est un des rouages de cette administration : c’est une sorte d’homme à tout faire du gouvernement royal en province. Il est responsable de l’ordre public, il préside la cour de justice et il collecte les taxes.

Les sheriffs ont donc beaucoup de pouvoir et de nombreuses possibilités de s’enrichir illégalement. Ce n’est pas pour rien qu’on dépense beaucoup d’argent pour obtenir un poste de sheriff! Il arrive souvent que ce soient les grands seigneurs du comté qui obtiennent ces postes et il n’est pas rare de les voir se transformer en de véritables petits tyrans locaux. L’histoire de Robin de Bois qui combat le sheriff est donc très tout à fait crédible dans l’Angleterre médiévale.
Enfin, s’il est un élément indissociable de la légende de Robin Hood et qui est présent depuis le début, c’est bien son arc. L’arc est une arme de jet, vous le savez, et, en cela, très loin du pseudo code chevaleresque de la guerre médiévale qui privilégie le corps à corps : c’est pour ça que c’est une arme méprisée, du moins par les nobles qui lui préférait inévitablement l’épée. L’arc était l’arme du pauvre, du chasseur à pied, c’est l’arme du yeoman. D’ailleurs c’est parmi cette catégorie de gens qu’étaient recrutés les fameux archers anglais qui nous ont mis la misère à Azincourt en 1415, pendant la Guerre de 100 ans, ce qui leur a permis d’obtenir un statut plus important. Et ce sentiment d’appartenance à une classe sociale qui a maintenant une forme de pouvoir est palpable à travers les ballades médiévales.

Robin des bois ou l’homme qui ne volait pas aux riches pour donner aux pauvres
Voyons maintenant ce qui n’existe pas encore dans ces ballades. Si Robin est un yeoman, on l’a dit, cela veut dire qu’il n’est pas noble. Exit le Robin de Locksley d’un certain nombre de films! Et même si Robin n’est pas noble et est hors-la-loi, ça ne fait pas pour autant de lui un rebelle social car, dans les ballades médiévales, il ne vole jamais aux riches pour donner aux pauvres. Tout au plus est-il précisé à la fin de la geste que Robin est l’ami des pauvres, mais ça ne va pas plus loin. La première fois que Robin Hood est montré comme redresseur de tort, c’est dans l’histoire du chevalier pauvre que l’on retrouve dans la geste. Dans cette histoire dont je vous ai parlé précédemment, Robin aide le chevalier volé par le moine. Donc, en fait, au Moyen Âge, Robin des bois vole pour lui et ses compagnons ou bien, comme pour l’histoire du chevalier, on peut éventuellement dire qu’il vole les riches pour donner à d’autres riches. En fait, c’est le gentleman Robin qui est charitable, le Robin noble, qui n’est n’existe pas encore.
Vous le voyez, Robin est bien différent au Moyen Âge de celui que l’on connaît maintenant mais il faut dire qu’il n’évolue dans le même contexte.

Loin du XIIe siècle: l'absence de Richard Coeur-de-Lion et du Prince Jean
Ça ne vous aura pas échappé, dans les ballades que j’ai mentionnées, il n’est question ni du Prince Jean, ni de Richard Cœur de Lion. Pourtant, rappelez-vous, dans Robin des bois et le moine, il est bien question d’un roi à qui Robin devait être livré et qui est bien présent en Angleterre (et donc pas parti en croisade comme Richard Cœur de lion), un roi qui finit par pardonner à Robin mais qui n’est jamais expressément nommé, sauf dans un des épisodes de la geste qui met en scène un roi nommé Edward. Il y a eu trois rois Édouard en Angleterre entre la fin du XIIIe siècle et la fin du XVe siècle, ce qui fait qu’au moins, les chercheurs sont d’accord sur le fait que le contenu des ballades les plus anciennes ne peut pas renvoyer à la période de la fin du XIIe siècle, qui est la période où a vécu Richard Cœur de Lion: c’est trop tôt.
Le XIIe siècle, c’est une sorte d’apogée de la civilisation médiévale : il n’y a pas eu de grande épidémie depuis près d’un siècle, pas de grande famine depuis trois générations, ce qui est assez exceptionnel et même si on est dans un système qui fait que la domination de la noblesse est très importante, ce n’est pas une période misérable, du moins le contexte n’expliquerait pas spécialement l’activité d’un Robin des bois.
Il est possible que les textes sur Robin Hood aient subi des réécritures permanentes, en fonction du contexte contemporain. Par exemple, on connaît les textes de la fin du Moyen Âge, XIVe et XVe siècle, ceux dont je vous ai parlés et ils collent assez bien avec le contexte historique. Au XIVe siècle, par exemple, dans un contexte économique très difficile lié, entre autre, à la peste noire, l’Angleterre a été le théâtre de révoltes paysannes lors desquelles un personnage comme Robin des bois, lui-même paysan rappelons-le, aurait toute sa place. À moins qu’il ne représente les petits propriétaires terriens du XIIIe qui résistent à l’intrusion du pouvoir royal dans leurs affaires. Mais rien à voir avec le XIIe siècle.

En fait, si les chercheurs ne sont pas tous d’accord sur le contexte historique des textes, ils s’accordent en général à dire que les ballades traitent de conflits contemporains de leur composition. Et s’il y a un personnage qui accrédite cette thèse, c’est bien frère Tuck. Au cinéma on le voit se balader dans le Sherwood du XIIe siècle. Or, il n’y a pas de frères au XIIe siècle! Les religieux comme frère Tuck ne sont pas des moines, qui vivent dans des monastères. Ce sont des religieux itinérants issus de ce qu’on appelle les ordres mendiants comme, par exemple, les Dominicains ou les Franciscains fondés par Saint François d’Assises, ordre auquel appartient Frère Tuck. Et ces ordres mendiants ne sont apparus qu’au XIIIe siècle, donc après l’époque de Richard Cœur de Lion. Frère Tuck est apparu dans la littérature en 1475 : il est donc probablement un écho de cette période et n’a rien à voir avec l’époque du Prince Jean et de Richard Cœur de Lion.
Pour la petite histoire, l’une des caractéristiques des ordres mendiants est leur choix de vivre dans la plus grande pauvreté. Ces mouvements ont notamment vu le jour en réaction à la richesse parfois extravagante de beaucoup d’abbayes. Finalement, c’est ce que reproche Robin des bois aux moines : être trop riches et cupides. Donc si Robin des bois devait choisir un religieux pour faire partie de ses compagnons, il aurait probablement choisi parmi les ordres mendiants. Le personnage de frère Tuck, est donc à la fois dans l’ère du temps de cette fin du Moyen Âge mais aussi tout à fait cohérent au sein des ballades de Robin Hood.

Belle Marianne
Enfin, vous avez forcément remarqué que, dans tout ce que je vous ai raconté, il n’est jamais question de Marianne, le love interest de Robin. Normal, elle n’existe pas encore ou plutôt, elle n’existe pas dans les textes. Il semblerait que le seul et unique amour du Robin des bois médiéval ce soit la Vierge Marie.
On peut d’ailleurs dire qu’il y a globalement assez peu de représentations féminines dans les textes médiévaux mettant Robin en scène et qu’à chaque fois, les femmes sont soit des facteurs perturbants soit des personnages subversifs bon ou mauvais.
On a notamment la femme castratrice, meurtrière ou annonciatrice de mort. Comme c’est étonnant!
Prenons l’exemple le plus évident. Dans la ballade de la Mort de Robin, dans la Geste, Robin part à l’abbaye de Kirklees pour qu’on lui fasse une saignée, considérée à l’époque comme une sorte de soin. En chemin, il rencontre une vieille femme qui le maudit mais on ne sait malheureusement pas pourquoi parce que le livre est déchiré à cet endroit. Cette vieille femme pourrait tout à fait être une sorte de banshee, comme celle dont je vous parlais dans l’épisode sur les origines d’Halloween, une vision annonciatrice de mort. Une fois à l’abbaye, Robin est trahi par l’abbesse, sa propre cousine, qui lui prend trop de sang. Elle le saigne à mort si vous préférez. On a donc là deux représentations féminines assez peu positives.

En tous cas, ce n’est pas parce que Marianne n’existe pas que Robin n’a pas de petites amourettes comme le montre la ballade de Robin et le potier dans laquelle Robin s’envoie très probablement en l’air avec la femme du sheriff. Tant qu’à faire!
Les femmes dans les ballades liées à Robin Hood sont, finalement, assez représentatives d’une certaine conception de la femme au Moyen Âge, notamment dans les romans de chevalerie, à la fois objet de respect, inspiratrice mais aussi par qui le malheur arrive. Les femmes des ballades sont souvent veuves, mariées ou vierges c’est-à-dire que – outre cet épisode du potier où les possibles relations sexuelles sont tout à fait codées sous la forme de symboles – notre héros contrôle plutôt bien sa libido et reste finalement assez proche d’un idéal de chevalerie, du moins à la fin du Moyen Âge, alors qu’il n’est pas chevalier.

Robin des bois a-t-il vraiment existé ?
Mais au fait, qui est vraiment Robin des bois ?
Bien évidemment, la question a torturé les esprits depuis la fin du Moyen Âge mais surtout au XIXe siècle.
Premier réflexe : se tourner vers les sources, judiciaires notamment du fait du statut d’outlaw de notre héros. Et effectivement, on y trouve mention plusieurs fois de Robin Hood ou approchant. On a déjà un Robert Hode connu dans le Yorshire en 1126 mais surtout on a plusieurs mentions au XIIIe siècle, comme Robert Robehod ou Robert Hood notamment en lien avec une espèce de gang de la toute petite noblesse qui a été dépossédée par des nobles plus importants. Il y a donc beaucoup de candidats potentiels mais lequel est le vrai ? Aucun en fait. On pense surtout que c’est un pseudonyme, un surnom sous lequel certains prisonniers étaient inscrits sur les registres. Si ça prouve une chose, c’est que, comme le laissait entendre les petites rimes dans Pierre le Laboureur, Robin des bois est déjà tellement populaire à cette époque qu’il en devient un surnom.

Et puis, il faut dire qu’il y eu, notamment au XIX e siècle, une vraie volonté de trouver un vrai Robin des Bois, et quand on cherche, on finit toujours par trouver quelque chose et à le faire correspondre à ce qu’on veut. On a même cherché des preuves archéologiques qui sont d’ailleurs souvent sujettes à caution, par exemple au prieuré de Kirklees – qui existe, lui, bel et bien. Quand Robin, trahi par l’abbesse, comprend qu’il va mourir, il tire une flèche et demande à Petit-Jean de l’enterrer là où elle est tombée. De fait, on a trouvé une pierre sur le terrain du prieuré qui pourrait correspondre mais en vrai, il semblerait qu’il n’y ait rien en dessous. De même, il y aurait soit disant dans le village de Hatersage la tombe de Petit-Jean : c’est sans doute bien une tombe médiévale mais dont le nom a été gravé bien plus tard. Sans compter les espèces de fausses reliques comme le grand chêne de la forêt de Sherwood qui n’a que 500 ans mais qui a été reconnu en 1790 comme étant celui sous lequel se réunissaient les hors-la-loi.

Eh oui, désolée de vous gâcher ce plaisir mais les chercheurs sont relativement unanimes : Robin des bois n’a probablement jamais existé autrement que dans les chansons et sur le papier. Il n’est pas impossible qu’il y ait eu un voleur, un brigand dont les histoires ont été transformées au fur et à mesure du temps, ce qui amènera d’autres brigands à revendiquer son nom. Question de prestige. Aujourd’hui, on a tendance à penser que le personnage de Robin Hood est 100% littéraire mais pourrait cristalliser le souvenir des plusieurs rebelles qui ont marqué l’histoire d’Angleterre mais aujourd’hui oubliés comme le chef saxon Hereward the Wake.
Robin Hood est sans doute un nom générique pour nommer les hors-la-loi et, en cherchant absolument à lui trouver une véritable identité, les chroniqueurs et les anciens historiens ont finalement construit eux-mêmes cette identité.

Eh oui, désolée de vous gâcher ce plaisir mais les chercheurs sont relativement unanimes : Robin des bois n’a probablement jamais existé autrement que dans les chansons et sur le papier. Il n’est pas impossible qu’il y ait eu un voleur, un brigand dont les histoires ont été transformées au fur et à mesure du temps, ce qui amènera d’autres brigands à revendiquer son nom. Question de prestige. Aujourd’hui, on a tendance à penser que le personnage de Robin Hood est 100% littéraire mais pourrait cristalliser le souvenir des plusieurs rebelles qui ont marqué l’histoire d’Angleterre mais aujourd’hui oubliés comme le chef saxon Hereward the Wake.
Robin Hood est sans doute un nom générique pour nommer les hors-la-loi et, en cherchant absolument à lui trouver une véritable identité, les chroniqueurs et les anciens historiens ont finalement construit eux-mêmes cette identité.

De Robin Hood à Robin des bois : un nom lourd de sens
En parlant d’identité, si on s’arrêtait sur le nom de ce héros!A hood c’est un capuchon, ou une sorte de chaperon. Déjà, on notera qu’il n’est pas du tout question ici du petit chapeau de feutre avec une plume fichée dedans comme on a l’habitude de le voir représenter. La mention du chaperon indique, encore une fois que Robin n’est ni noble, ni chevalier, ni bourgeois.
Et si, en France, on le connait sous le nom de Robin des Bois, c’est sans doute suite à une mauvaise traduction, la graphie des mots Hood et Wood (qui veut dire bois) ayant varié pendant le Moyen Âge. Mais comme Robin est associé à la forêt, ça passe. D’ailleurs, il n’est pas impossible que le nom anglais de Robin ait été Robin Wood à l’origine, un nom qu’on aurait déformé avec le temps. Et pour la petit histoire Robin garde souvent son nom anglais, même dans la littérature française, au moins jusqu’au XIXe siècle.
Mais c’est le prénom de Robin le plus intéressant. C’est un prénom traditionnel dans la littérature médiévale française. On le trouve notamment dans des pastourelles, des chansons à l’ambiance campagnarde mettant le plus souvent en scène un berger, une bergère et un chevalier. Et la littérature française regorge d’exemples d’histoires qui se passent dans la forêt. Donc on a des textes qui racontent l’histoire de Robin des bois en anglais mais selon une tradition littéraire complètement française. Oui, Robin des bois aurait des origines françaises !
Il faut savoir que le français a été la langue de la cour d’Angleterre pendant longtemps au Moyen Âge. On en reparlera tout à l’heure mais il ne faut pas oublier que les anglais, avaient des terres sur le sol que l’on considère maintenant français donc la littérature française a facilement pu traverser la Manche. On pense que la traduction des pastourelles en anglais aurait été faite sous le règne d’Edward Ier – un roi Édouard!- à la fin du XIIIe siècle. À cette époque, les anglais ont perdu tout leur territoire sur le sol français et luttent contre les Gallois et les Écossais. Il est possible que la tradition littéraire française, bien connue des élites, ait été reprise et traduite à ce moment-là, sur les encouragements du roi, pour renforcer une identité anglaise, notamment par le biais de la langue, en fait pour angliciser une tradition française. Le passage du français, la langue de la cour, à l’anglais, a permis à ces histoires de circuler dans le milieu populaire comme les tavernes et explique pourquoi, au XIVe siècle, quand on va commencer à coucher ces histoires sur le papier, Robin des bois est déjà une figure familière aux anglais.
Robin Hood est donc définitivement une construction littéraire, d’origine française mélangée aux figures populaires de hors-la-loi anglais.
Et c’est sous cette forme que Robin des bois va entrer dans le XVIe siècle, la Renaissance.

Les XVIe et XVIIe siècle : quand Robin des bois devient noble
La fête de Mai et les Robin Hood games
À l’orée du XVIe siècle, Robin des bois est une figure plus populaire que jamais et dans tous les sens du terme : c’est la figure du peuple. À tel point qu’au XVe siècle et tout au long du XVIe siècle ont lieu les Robin Hood games, en lien avec les fêtes de May Day. May day, c’est la fête du 1er mai, issue d’une fête très ancienne, qu’on connaît chez les Celtes mais qui est peut-être antérieure : la fête de Beltaine. Pour faire court, la fête de Beltaine, c’est le pendant de la fête de Samhain. Samhain, c’est le début de la saison sombre dans le calendrier celte qui ne compte que deux saisons, et tout comme Samhain est devenue Halloween (je vous renvoie à l’épisode 3 sur les origines d’Halloween), Beltaine est devenue May day, qui célèbre le début de la saison claire six mois plus tard, le retour du printemps, le renouveau de la nature etc.
C’est dans ce cadre, tout à fait païen il faut le noter, qu’ont lieu les Robin Hood games, des fêtes de village autour de Robin des bois dont la première mention écrite date de 1426 à Exeter mais pour lesquelles on a plusieurs centaines de références : il y en avait un peu partout, de ces jeux qui participaient à l’expression de l’identité des villages anglais, notamment ceux dont la survie dépendait de la forêt.
Mais alors, qu’est-ce qu’on faisait pendant ces jeux ? Eh bien, on faisait des processions dans le village, parfois il y avait des compétitions d’archers et on y jouait aussi des pièces de théâtres, du théâtre de rue, et souvent, les pièces étaient assez violentes. On a quelques fragments de ces pièces qui nous sont parvenus et, par exemple, on peut avoir des personnages qui envisagent de tuer Robin, lui couper la tête et la planter au bout d’une pique dans la forêt. Là-dessus, ça ne change pas vraiment du contexte médiéval.

Et puis, on y boit beaucoup de bière pendant ces jeux. Tout cela se passe dans une certaine forme d’agitation à tel point que les autorités craignent régulièrement des débordements, voire des émeutes qui se sont peut-être bien produites si l’on considère que les Robin Hood games ont été bannis à plusieurs endroits.
La particularité de ces jeux, outre qu’on y trouve la mention d’un frère religieux qu’on a assimilé à Frère Tuck, c’est que Robin n’y est pas célébré seul : il est le roi de mai et il a une compagne, une reine de mai qui s’appelle Marianne. Le personnage de Marianne est donc probablement issu des jeux populaires de mai. Rappelez-vous, tout à l’heure, je vous ai dit que Marianne n’existait pas encore au Moyen Âge. C’est vrai dans les textes mais, comme on ne sait pas à quand remontent vraiment ces Robin Hood games – sans doute avant qu’ils ne soient mentionnés par écrit à la toute fin du Moyen Âge – il est tout à fait envisageable que Marianne ait existé au Moyen Âge dans la culture populaire orale autour de Robin des bois. Toujours est-il qu’elle est bien présente pendant la Renaissance et que ses origines sont probablement aussi littéraires et aussi peu anglaises que celles de Robin des bois.
Tout à l’heure, j’ai évoqué le fait que Robin des bois était sans doute né de la littérature française, et plus particulièrement des pastourelles. En fait, il y en a une précisément, qui pourrait être à l’origine de tout, c’est une pastourelle intitulée Le jeu de Robin et Marion, écrite par le trouvère français Adam de la Halle au XIIIe siècle. Dans ce texte, une sorte de pièce de théâtre entrecoupée de chansons, on y raconte l’histoire de la bergère Marion qui, comme souvent dans ce genre de littérature, est harcelée par un chevalier qu’elle repousse parce qu’elle est amoureuse du berger Robin. Et cette pastourelle a été traduite en anglais en 1376, donc au XIVe siècle et les chercheurs pensent que le personnage de Marianne serait né de celui de Marion. D’ailleurs, Marion et Marian, en anglais, se prononcent quasiment de la même façon. Et puis, Marion et Marian signifient littéralement « Petites Maries ». Marion et Marian sont des références à la Vierge Marie. Rappelez-vous, Robin est très dévot mais uniquement envers la Vierge Marie. Quoi de plus normal qu’il tombe amoureux d’une femme dénommée petite Marie.
Le personnage de Marianne est donc bien présent à la Renaissance et va s’installer durablement dans la légende à la fin du siècle, en même temps que Robin va changer de statut.

Quand Robin devient noble: les pièces d’Anthony Munday
Il faut dire que le contexte politique et religieux est particulier en Angleterre dans la première moitié du XVIe siècle. C’est Henri VIII qui règne à ce moment-là, vous savez le roi qui a épousé six femmes et en a fait décapiter un certain nombre. Et bien, pour pouvoir épouser la seconde, il a carrément rompu avec Rome et c’est comme ça que l’Angleterre est devenue protestante (attention, c’est très très résumé). Et si, pour les catholiques, la Vierge Marie est une sorte de pont entre les fidèles et Dieu, ce n’est pas le cas chez les protestants et, de fait, la dévotion extrême de Robin de Bois envers la Vierge Marie est un peu désuète au XVIe siècle, voire carrément hors-sujet et le personnage de Robin s’est retrouvé ainsi aux rangs des déclassés, des personnes sans éducation.
Ces sont deux pièces de théâtre écrites par Anthony Munday en 1598, à la toute fin du siècle donc, qui vont permettre de réinventer tout le personnage de Robin et son contexte. Car robin, en cette veille de XVIIe siècle, devient noble.

Les deux pièces de Munday s’intitulent respectivement La chute de Robert, comte de Huntington et La mort de Robert, comte de Hungtinton. Vous l’avez compris, Robin c’est Robert et il est devenu un aristocrate, comte de Hungtinton. Pourquoi est-il devenu subitement noble ? Eh bien, outre la problématique religieuse dont j’ai parlé, il faut savoir qu’à l’époque – nous sommes sous le règne d’Élisabeth Ière – les pièces de théâtres jouées à Londres, le sont par des compagnies appartenant à des gens fortunés et donc, on écrit pour la noblesse, ce qu’a fait Anthony Munday et ce qui a amené à une sorte de réappropriation de la figure de Robin des bois par les élites.
Et ce n’est pas le seul changement majeur parce que c’est à ce moment-là que le mythe de Robin des bois va être durablement déplacé au XIIe siècle, pendant le règne de Richard Cœur de Lion et plus précisément, au moment de la troisième croisade. Robin des bois, le comte de Huntington, est dépossédé de ses terres par le Prince Jean alors que Richard est parti en croisade et Robin part dans la forêt en attendant le retour de Richard. Voilà qui nous est beaucoup plus familier! Le changement est d’autant plus facile à faire que, rappelez-vous, les ballades médiévales sur Robin des bois ne nomment jamais le roi en question, il suffit donc d’en choisir un. L’objet de la lutte de Robin change forcément aussi : de paysan luttant pour ses droits, il devient un homme du roi qui défend ses biens tout en étant loyal à l’égard du pouvoir légitime et en œuvrant pour le retour du roi.

Techniquement, Robin ne vole toujours pas les riches – le groupe auquel il appartient désormais – et ne vole plus les ecclésiastiques. Mais cette intégration du héros dans les classes dominantes va de pair avec une récupération des valeurs chevaleresques et donc, une forme de générosité qui commence tout doucement à le rapprocher de la figure de bandit au grand cœur.
Bien sûr notre Robin des bois gentrifié, ne peut se contenter d’une amourette avec une reine de mai. De fait, dans les pièces d’Anthony Munday, Marianne aussi, change de statut. Enfin, plus précisément, elle s’appelle Mathilda puis se renomme Maid Marian quand elle rejoint robin dans les bois. Marian est maintenant une jeune fille de bonne famille, en l’occurrence la fille de Lord Fitzwater, que Robin est censé épouser quand il est brusquement déclaré hors-la-loi. L’intrigue tourne beaucoup autour de la cour très pressante que fait le prince Jean à Marianne, tandis que, curieusement, Robin alias Robert, semble beaucoup plaire à la reine mère, Aliénor, la mère du prince Jean et du roi Richard.
Marian, en devenant aristocrate, n’est plus une amante potentielle mais se rapproche plutôt d’une muse, toujours dans le cadre des valeurs quelque peu fantasmées de la chevalerie et de l’amour courtois. D’ailleurs le sobriquet Maid est très clair pour le public de l’époque : cela renvoie à la chasteté de Marianne et Anthony Munday multiplie les allusions à ce sujet. Et en cela, il fait une référence volontaire ou non à la geste médiévale dans laquelle il est précisé que les femmes n’ont rien à craindre de Robin et de ses compagnons.

Cette réorientation radicale de la légende dans les pièces de Munday ne sort pas tout à fait de nulle part. En effet l’auteur s’appuie notamment sur des ouvrages d’historiens écossais qui font partie de ces gens dont je parlais tout à l’heure qui ont tenté de trouver coûte que coûte une trace d’un Robin des bois historique. Et notamment, l’un d’entre eux, John Major – rien à voir avec l’ancien premier ministre anglais – dans une chronique lapidaire de son Histoire de la Grande Bretagne, en 1521 est le premier à suggérer que Robin des bois aurait vécu au temps de Richard Ier. Le comte de Huntington a d’ailleurs bel et bien existé et est toujours resté fidèle à Richard. Et pour la petite histoire, un manuscrit censé avoir été écrit à la fin du XVIe siècle, introduit un nouvel élément qui sera repris bien plus tard : la potentielle naissance de Robin des bois dans le village de Locksley.
En tous cas, les pièces d’Anthony Munday ont eu un immense succès et ont contribué à graver certains aspects de la légende dans le marbre, avec une forme de médiévalisme avant l’heure comme la transformation des hors-la-loi de Sherwood en merry men, les joyeux compagnons de Robin des bois. Le statut de Marianne et celui de Robin se figent alors, de même que le fameux contexte historique du XIIe siècle sur lequel j’aimerais revenir en détail pour clore cet épisode.

L'histoire de Richard Cœur de Lion et du Prince Jean
Les Plantagenêts: une famille puissante et dysfonctionnelle
L’image qu’on a de Richard Cœur de Lion et du prince Jean, nous français, est très influencée par la légende de Robin des bois et surtout par les versions que le cinéma en a donné : une vision somme toute très manichéenne entre un prince Jean mal-aimé de ses parents, usurpateur, déloyal, souverain tyrannique et le bon roi Richard parti en croisade, droit et courageux, trahi par son frère. Cet épisode est donc l’occasion pour moi de revenir sur cette période particulière de l’histoire d’Angleterre et de France et de brosser à grands traits le portrait de ces deux rois.
Avant de commencer, une petite précision concernant les sources à notre disposition sur ces deux énergumènes couronnés. Ces sources émanent principalement des chroniqueurs, c’est-à-dire de personnes qui écrivent des chroniques dans lesquelles elles racontent les évènements importants de leur époque. Le problème, c’est que ces chroniqueurs ne sont jamais neutres, bien au contraire. Par exemple, les chroniqueurs français écrivent des textes à charge contre la royauté anglaise, ce qui s’explique par le contexte de guerre continuelle entre les deux royaumes. Donc autant dire que les historiens marchent sur des œufs avec ce genre de matériel qui est toutefois le plus important qu’ils aient en leur possession.

Ces précisions étant faite, penchons-nous un peu sur la famille Plantagenêt dans laquelle sont nés les petits Richard et Jean, une famille comme on les aime, bien dysfonctionnelle.
Jean et Richard sont les fils d’Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine. Le nom d’Aliénor ne vous est sans doute pas inconnu et pour cause, elle a la particularité d’avoir été reine deux fois : tout d’abord reine de France au côté de Louis VII qui va faire annuler ce mariage sous le prétexte de consanguinité, alors que ce qui le gêne c’est juste qu’Aliénor a accouché de deux filles et pas de garçon. C’est grosse erreur tactique car Aliénor est duchesse d’Aquitaine. Rappelons que le royaume de France ne ressemble alors absolument pas à la France de maintenant. Ce n’est qu’un tout petit territoire entouré par d’autres fiefs, dont l’énorme duché d’Aquitaine que le roi de France perd en annulant son mariage. En plus, manque de bol, Aliénor, dont il faut admettre qu’elle sait rebondir, épouse Henri II Plantegenêt. Elle devient donc reine d’Angleterre et amène l’Aquitaine avec elle. De son côté Henri II a des terres en France aussi : il est duc de Normandie, comte d’Anjou, de Maine et de Touraine et, en plus, il va rapidement faire main basse sur la Bretagne. Donc, après leur mariage, le royaume d’Angleterre compte des territoires qui occupent plus du tiers de la France actuelle, des territoires hétéroclites pour lesquels, par un principe de vassalité, le roi d’Angleterre doit prêter hommage au roi de France. C’est pour ça que c’est si compliqué : les serments de fidélité ne sont jamais respectés d’un côté comme de l’autre.

Aliénor est clairement une femme de pouvoir. Elle a 12 ans de plus que son deuxième mari, ce qui est assez inhabituel et circulent sur elle des rumeurs de femme légère et adultérine qu’on ne peut bien évidemment pas vérifier. Henri II traîne aussi une sale réputation notamment celle de s’envoyer en l’air avec à peu près tout le monde et notamment avec des femmes non consentantes. Il est par exemple accusé d’avoir violé sa nièce Adèle, la fille du roi de France longtemps fiancée à Richard, un fait connu même à la cour de France. On en a une image d’être irascible et assez impitoyable, une sorte de père castrateur qui ne s’entendait pas du tout avec ses fils. En fait, cette famille traîne une telle réputation qu’au XIIe siècle il circule une rumeur attribuant aux Plantagenêts une origine diabolique.
Ambiance.
C’est donc dans ce doux cocon que naissent Richard en 1157 et Jean en 1166. Henri II et Aliénor ont eu 8 enfants : dans l’ordre Guillaume, Henri dit Le Jeune, Mathilde, Richard, Geoffroy, Aliénor, Jeanne et le petit dernier, Jean. Guillaume, l’aîné meurt à l’âge d’un an. Que ce soit Richard ou Jean, ils ne voient que très peu leurs parents et sont élevés par des nourrices. De quoi un peu tordre le cou à la rumeur selon laquelle Jean était particulièrement mal aimée de sa mère.
Si les évènements montrent qu’Aliénor a sans doute eu une légère préférence pour Richard, elle a surtout fait le gendarme dans la vie des uns et des autres et elle a aussi aidé Jean quand il en a eu besoin. Par contre, il est vrai que quand Jean est né, ses parents ne s’entendaient déjà plus.
En 1169, Henri II va prendre une décision qui va être le creuset d’une véritable guerre intrafamiliale : il va décider du partage de ses terres. En 1170, il fait couronner, avec beaucoup trop d’avance, Henri le jeune, son aîné, roi d’Angleterre à qui il fait don en plus de la Normandie et d’autres possessions en France. En 1172, Richard a 15 ans et il reçoit officiellement le titre de duc d’Aquitaine en même temps que les terres de maman Aliénor, et ses fiançailles avec à Adèle, la fille du roi de France qui vient donc, pour son plus grand malheur, vivre à la cour d’Angleterre. Geoffroy, le troisième frère, reçoit la Bretagne mais pour Jean, Henri II n’a rien prévu. Certes, Jean n’a que 6 ans mais toute de même. Et le plus cruel dans l’histoire c’est que c’est Henri II, son propre père qui lui a donné le sobriquet de John Lackland, Jean sans terre.

C’est en 1173, juste après, que ça part en vrille. Henri II finit par prendre quelques châteaux à Henri le Jeune pour les donner à Jean mais l’aîné, mécontent, se révolte contre son père et part bouder auprès du roi de France, bientôt suivi par ses frères Richard et Geoffroy. Henri II met difficilement de l’ordre dans tout ça mais les réconciliations sont de façade et Henri s’en prend ensuite à Richard dans un long conflit et finira par mourir de dysenterie sur les routes d’Aquitaine. À cette époque, Richard a déjà acquis une réputation de chevalier sans pitié, parfois cruel… et versatile aussi. Un troubadour l’avait même surnommé Oc e no (oui et non).
Jean de son côté, est grand maintenant et papa le fait roi d’Irlande et lui demande d’aller sur place pour imposer la royauté anglaises aux irlandais récalcitrants. C’est un fiasco total, Jean n’est visiblement pas doué pour la guerre.
Après la mort stupide de Geoffroy dans un tournoi l’année suivante, il n’y a plus grand doute : ce sera Richard le prochain roi d’Angleterre et il n’a toujours pas épousée Adèle, sa fiancée, à la grande colère du roi de France. Malgré tout, les désaccords croissants entre Richard et son père amène le futur cœur de lion à pactiser avec les français. Richard et Philippe Auguste luttent donc maintenant tous les deux contre Henri II, vieux, usé et malade, d’autant que Jean est passé du côté des rebelles entre temps. Trahi par tous ses fils, Henri II s’éteint en 1189, une mort que beaucoup de vassaux vont reprocher à Richard puis à Jean.

Le couronnement de Richard Coeur-de-Lion et la troisième croisade
Richard est donc finalement couronné roi d’Angleterre et se met à diriger le pays.
Eh non!
Richard est bien couronné roi mais au lieu de diriger le pays, le premier truc qu’il fait, c’est de partir en croisade parce que Jérusalem est tombée aux mains des musulmans. La croisade, c’est une obsession chez lui. Il faut dire qu’il aime la guerre. Mais une croisade, ça coûte cher : pour payer une flotte qui soit digne de lui, Richard assomme l’Angleterre d’impôts et pressurise les anglais. Oui, oui, j’ai bien dit Richard! Et même si le royaume est en bonne forme économique, les taxes s’amoncellent: Richard vend des titres, des privilèges, des terres, des châteaux, des postes de sheriff en veux-tu en voilà, c’est une grande braderie qu’il assume totalement. Il dira même dit « Je vendrais Londres si je trouvais un acheteur ». Dixmois après son couronnement, le voilà parti mais avant de prendre la mer, il a intimé à Jean l’ordre de ne pas mettre les pieds en Angleterre pendant trois ans alors que les terres qu’il tout vient juste de lui donner sont en Angleterre… Le souci c’est qu’il lui a quand même filé quasiment le tiers du royaume, il tend un peu le bâton pour se faire battre, Richard! D’ailleurs, parmi les terres maintenant sous l’égide de Jean se trouve le fameux comté de Nottingham.
Le roi fait un arrêt très long en Sicile et là, Maman Aliénor, 70 ans quand même, arrive avec une jeune femme, Bérangère de Navarre, pour la marier à son fils. Richard explique donc au roi de France, ulcéré, qu’il n’épousera pas Adèle avec qui il est fiancé depuis presque 20 ans.
J’en profite pour faire un petit aparté sur l’homosexualité supposée de Richard que beaucoup ont fait reposer sur le fait qu’il avait partagé le lit du roi de France à une époque. Or, ça arrivait souvent à cette époque-là et ça n’avait aucune signification romantique. Par contre, le fait qu’il soit resté fiancé à Adèle pendant 20 ans sans se marier et qu’il ait tellement peu fréquenté Bérangère de Navarre au cours de leur neuf ans de mariage qu’elle ne tombera jamais enceinte est potentiellement un indice. Mais comme pour beaucoup de choses, on n’en a aucune preuve.
Bref, Richard arrive finalement en Terre Sainte et avec Philippe Auguste, ils vont jouer à celui qui pisse le plus loin jusqu’à ce que le roi de France reparte, fâché de jouer les seconds rôles derrière Richard qui se comporte en patron.

Richard et Saladin, le chef musulman, entame alors une lutte qui est, par la suite devenue légendaire, bien qu’ils ne se soient jamais affrontés directement. Il faut dire qu’ils se ressemblent : cultivés et cruels à la fois. Richard, en Terre Sainte, est à la fois connu pour ses actes de bravoure et ses victoires et pour de actes de cruauté terribles. Il est à la fois le chef victorieux de la bataille de Jaffa, très largement mythifiée par la suite, où 300 croisés ont tenu en respect une armée entière et celui qui a décidé la décapitation systématique de 3 000 prisonniers musulmans, une décision abominable qui lui sera particulièrement reprochée à l’époque.

Pendant ce temps, Jean, qui n’a pas suivi les ordres de son grand frère, est de retour en Angleterre. Il évacue les personnes nommées par Richard pour gouverner puis est nommé régent de tout le royaume et successeur en cas de décès du roi. Dans un premier temps, Jean préserve le gouvernement de son frère. Puis, Philippe Auguste, rentré de Terre Sainte et qui ne décolère pas, invite Jean à venir à Paris, l’air de rien. Heureusement, Maman Aliénor veille au grain et empêche le petit dernier de tomber dans les griffes de Philippe Auguste.
Mais Jean souhaite obtenir plus de pouvoir et se met à dos une bonne partie des élites anglaises.
Ça sent donc le roussi en Angleterre pour Richard qui est mis au courant et décide donc de rentrer. De toute façons, il a renoncé à libérer Jérusalem, ses caisses sont vides et sa santé est mauvaise. On est alors en 1193 et le problème c’est qu’il va mettre un an et demi à rentrer au lieu de deux mois. Parce que, s’il est un héros en Terre sainte, il a beaucoup d’ennemis en Europe et Richard sait qu’il est attendu de pied ferme. On ne sait pas tout de ses péripéties, pour certaines assez rocambolesques, d’autant que les chroniqueurs ont brodés par-dessus, mais pour faire vite, il a été arrêté par les hommes du duc d’Autriche et enfermé au château de Dürnstein. Le duc et l’empereur décident tous les deux d’exiger, entre autres, une rançon de 100 00 marks, une somme absolument colossale.

Pendant ce temps, à peine la capture de son frère ébruitée, Jean court rendre hommage à Philippe Auguste pour les territoire des Plantagenêts en France mais Philou, qui voit là la bonne aubaine, envahit direct la Normandie. Jean, malgré ses efforts, n’arrive pas à se faire reconnaître roi, il finit donc par recourir à la force, avec l’aide du roi de France. C’est Aliénor, une fois encore, qui gère la situation, mets les côtes anglaises en défense pour prévenir une invasion française et qui essaye de récolter la rançon pour son fils à grand coup de taxes, de réquisitions dans les églises et les monastères et de multiplication d’amendes. Jean perturbe la collecte de la rançon comme il peut, il ne veut pas voir son frère revenir mais il est peu suivi. Il va même donner de l’argent à l’empereur, de même que Philippe Auguste, pour qu’il garde Richard ! Il faut dire qu’il a abandonné beaucoup de territoire Plantagenêts au roi de France, il a de quoi flipper, le prince Jean.
Manque de bol, fin, 1193, Richard est finalement libéré. Complètement flippé, Jean se réfugie en Normandie. Richard, auréolé de sa gloire de croisé, fait un voyage de retour triomphal en compagnie de sa mère et rentre en Angleterre après trois ans et demi d’absence. Et là, il se met enfin à régner.
Eh ben non, toujours pas! Il confisque ses terres à Jean, il purge le gouvernement et il repart au bout de deux mois en France faire la guerre à Philippe Auguste jusqu’à la fin de son règne. Et une guerre, ça coûte cher. Les sujets anglais qui connaissent à peine Richard en fait, vont payer la note et vont être pressurisés comme jamais, encore. Jean et Richard finissent par se revoir quelques mois après, une rencontre pendant laquelle Richard prendra soin d’humilier son frère qu’il traitera comme un enfant. Jean fait profil bas et se remet au service du roi dans sa guerre contre Philippe Auguste et lui sera de nouveau fidèle.
Mais en 1199, coup de théâtre, Richard, qui est alors occupé à tout dévaster du côté de Limoges, se prend un carreau d’arbalète dans l’épaule. La blessure montre très vite des signes de gangrène. Il écrit à sa mère qui accourt à son chevet et il meurt dans ses bras.

Le Prince Jean après la mort de Richard Coeur-de-Lion
Après la mort de Richard, Jean se dépêche de se faire reconnaître roi pour éviter de se faire damner le pion par son neveu Arthur de Bretagne, plus vieux que lui, contre qui il a pris les armes. Il fini par capturé ledit Arthur et c’est là que ça part en cacahouète. Arthur va être jeté en prison puis disparaître, littéralement. On ne retrouvera jamais son corps. La plupart des chroniqueurs de l’époque accusent Jean et, que ce soit vrai ou pas, ça va très largement contribuer à alimenter la légende noire de l’horrible et cruel prince Jean.
Dans un climat déjà délétère, Jean perd une partie de ses soutiens suite à ce potentiel meurtre. Il n’a plus les moyens de faire face à Philippe Auguste et il perd un par un tous les territoires Plantagenêts sur le sol français actuel. Vous ajoutez à cela une dispute avec l’Église : le Pape va, en 1208 jeté l’interdit sur le royaume d’Angleterre (c’est-à-dire que les services religieux seront suspendus à l’exception du minimum syndical) avant de carrément excommunier Jean, une sanction religieuse particulièrement grave. Après quelques méfaits, il finira par se soumettre au Pape et lui promettre de l’argent.
Le problème c’est que, de l’argent, il n’en a déjà pas beaucoup : il demande un effort financier pour sa lutte contre le roi de France aux anglais déjà pressés comme des citrons par la croisade de Richard et sa rançon. À son retour en Angleterre, Jean essaie de mettre au pas les barons qui ne l’ont pas aidé. Manque de bol, les barons ne se laissent pas faire. Leur action devient collective et ils offrent même le trône d’Angleterre au fils du roi de France. Je ne rentre pas dans les détails parce que c’est long et très, très compliqué mais tout cela va se terminer par une véritable guerre civile et énormément de violence. Jean part piller les terres des barons infidèles, mais, miné par les défections, par son territoire qui se réduit comme peau de chagrin et par un débarquement des français sur les côtes anglaises et pourchassé dans son propre royaume, il se réfugie à Newark où il meurt, sans doute de dysenterie. Nous sommes en 1216.

Le bon roi Richard et le mal-aimé prince Jean
Une fois qu’on a dit tout ça, qu’est-ce qu’on peut en tirer ? Déjà, que le bon roi Richard, n’était pas si bon que ça. Il faut savoir qu’aux yeux des anglais, Richard, avant tout, est considéré comme un roi absent : en 10 ans de règne, il a résidé deux fois en Angleterre, six mois en tout. Il ne parlait même pas anglais. Il a aussi très largement utilisé l’Angleterre comme une banque pour financer ses exploits à l’étranger. Il aurait extorqué à l’Angleterre plus d’argent qu’aucun roi avant lui depuis l’avènement des Normands (deux siècles plus tôt) alors qu’il n’y a même pas vécu. De plus, vous l’avez vu, il avait une réputation de cruauté, il n’hésitait pas à piller, à incendier, à tuer.
Alors d’où lui vient cette réputation si positive ? Eh bien principalement à trois choses. Tout d’abord, le fait que le pays était plutôt stable. Ensuite, son statut de croisé. On a du mal à l’imaginer aujourd’hui mais partir en croisade vous auréolait d’une forme de gloire d’autant plus que, dans le cas de Richard, malgré ses exactions, il a gagné quelques batailles importantes qui ont renforcé ce statut. Enfin, sa renommée vient notamment du mouvement romantique du XIXe siècle dont on reparlera dans le prochain épisode, notamment via l’écrivain Walter Scott qui lui donne un statut de héros, statut que le cinéma va finir d’ancrer dans l’imaginaire.
A ces trois raisons j’ai bien envie d’un rajouter une quatrième : le fait que, comparé à son frère Jean, Richard ne peut que briller. Jean n’est pas allé à la croisade, ses expéditions militaires ont, la plupart du temps, été un échec. Il a trahi son frère, violer son serment de rester loin de l’Angleterre, il s’est mis beaucoup de monde à dos et a perdu la plupart des terres de sa famille. Clairement, comme roi, il n’était pas doué. La réputation de cruauté qui lui est attachée est probablement vraie : il abandonne ses adversaires en prison dans des conditions indignes, multiplie les prises d’otages et en exécute parfois, même si ce sont des enfants. Mais en cela, il n’est pas bien différent de son frère. Le problème, c’est que les chroniques datent soit du début de son règne soit bien après la fin, alors que l’on commence à broder sur sa vie et à construire sa légende noire. Beaucoup le voyait comme jaloux de son frère Richard mais, rappelez-vous ce que je vous ai dit de leur jeunesse : les frères Plantagenêts ont passé leur vie à se jalouser. De quoi donner du grain à moudre à tous ceux qui prétendaient que cette famille avait des origines diaboliques.

Le XIIe siècle anglais: le siècle des histoires
Pour finir, revenons à notre Robin des bois, parce que c’est quand même lui le héros. Pourquoi a-t-on finalement placer les aventures de Robin à cette époque ? À y regarder de plus près, les romans puis le cinéma place toujours l’intrigue pendant l’absence du Roi Richard et particulièrement pendant les deux ans de sa captivité.
Déjà, c’est assez crédible. Richard parti, les sheriffs ont pu facilement en profiter. C’était d’ailleurs monnaie courante, à tel point que Henri II, avait déjà envoyé des enquêteurs se renseigner sur les exactions commises par les sheriffs. De plus, à cette époque, les forêts couvrent un tiers de l’Angleterre, ce qui en fait un refuge parfait pour les hors-la-loi qui défient les lois forestières particulièrement lourdes. De plus, rappelez-vous, ce sont les sheriffs qui collectent l’impôt. En ces temps d’oppression fiscale, quand bien même Richard en était très largement responsable, la lutte contre un sheriff abusif était tout à fait crédible.
Enfin, la vie de Richard est parfaite pour créer des histoires. On a un roi qui se déguise pour rentrer au pays, une rançon énorme que la piété populaire permet de rassembler, l’usurpation du pouvoir par le méchant frère et une captivité très romanesque de Richard puisqu’il a profité de ce temps libre pour écrit de la poésie.
Enfin, on a deux disparitions très romanesques elles-aussi : la croisade puis la séquestration. On est là sur l’archétype du roi absent mais dont on sait qu’il reviendra. Et ça, ça fait directement référence à un autre roi d’Angleterre encore plus mythique : le roi Arthur. Il faut rappeler que les romans arthuriens sont nés au XIIe siècle, sous les Plantagenets qui les ont largement diffusés pour ancrer leur propre dynastie dans une origine mythique valorisante. Et 800 ans plus tard, le cinéma va entretenir cette confusion en donnant aux même acteurs des rôles de chevaliers de la table ronde et de Robin des bois, le meilleur exemple restant Sean Connery qui a joué Robin des bois dans La rose et la flèche, le roi Richard dans Le prince des voleurs et le roi Arthur dans Lancelot, le premier chevalier.

Voilà, vous êtes incollables sur le roi Richard et le prince Jean et vous savez tout sur le Robin des bois des origines! Même si on commence à vois s’esquisser la figure du bandit au grand cœur qu’on connaît aujourd’hui, il va connaître encore beaucoup de changements, notamment entre le XVIIIe et le XXIe siècle.
Mais ça, je vous le raconterai dans le prochain épisode!
Crédits:
Extraits de films et de séries :
- Robin des bois (Disney Studio), 1973
- Robin des bois, prince des voleurs (Kevin Reynolds), 1991
- Kaamelott, Livre I, Tel un chevalier (Alexandre Astier)
Musiques utilisées dans l’épisode:
- Whistle stop (Roger Miller)
- Sports music (Nick Valerson)
- The Britons (Kevin MacLeod)
- Positive vibration (Bob Marley and the Wailers)
- The tavern (Ehved)
- Medieval city tavern (Vlad Bakutov)
- Little John and the band in the forest (Michael Kamen)
- Nimue, the lady of the lake (Julius H.)
- The view from the castle (Geoff Harvey)
- The low whistle (Julius H.)
- Au vieux bal musette (André Verchuren)
- Celte (Frédéric Sylvestre)
- Petite Marie (Francis Cabrel)
- Moonlit castle serenade
- The bridge of Khazad Dum (Howerd Shore)
- The lights of the village (Geoff Harvey)
- Medieval astrology (Underbelly & Ty Mayer)
- March of the troopers (Luis Humanoide)
- Night of Egypte (Wael Mamado)
- The war ends (Pablo Gaez)
- Sword 17 (Its Tigri)
- Land of wonders
- All’s well that ends well (Nancy Adams)
Remerciements:
- AK Dallas (pour la voix de Richard Cœur de Lion)
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